à propos


        Quand j’étais architecte en France, j’avais l’impression de ne travailler que du cerveau, avec de nombreuses connaissances bien sûr, mais sans jamais pouvoir y mettre mon âme : vieilles traditions et règlements sans fin m’empêchaient  de faire ce que du fin fond de mon être je savais être le mieux.


        Quand je suis arrivée au Guatemala en 1985, j’ai eu une révélation : les Indigènes descendants des Mayas, ces  “damnés de la terre”, font de leur vie une oeuvre d’art perpétuelle, une offrande au dépassement, pour toujours faire le plus beau possible avec le peu qu’on a. L’art ici se tisse dans tout ce qu’ils entreprennent, depuis les vêtements quotidiens jusqu’aux tresses de piments, depuis les semailles qui font de leurs champs de précieux tableaux dans le paysage, jusqu’aux danses religieuses qui prospèrent au fil de l’année. L’art pour l’Indien-maya n’est pas encore une marchandise, il continue au quotidien à illuminer la vie de son créateur. Et puis, tant d’ingéniosité pour créer ! : quelques fils de couleur pour tisser, une simple machette pour sculpter, d’antiques symboles et des histoires tristes à raconter... et enfin du temps – beaucoup de temps, précieuse matière première qui devient élastique sous les tropiques.  Cette rencontre fut inspiratrice. Moi aussi je pouvais commencer à créer, avec le peu que je possédais:  mes mains agiles, les mouvements de mon corps anxieux, les mots qui me viennent la nuit, et tous les matériaux que prodigue la nature ou qu’abandonnent les gens distraits.


        Et ainsi je peux tout dire : ma soif de délicatesse dans ce monde si dur et  brutal . Car les pensées et les gestes délicats sont le sceau de l’être civilisé, ils transcendent notre être primaire et nous rendent plus humains.  Je pouvais commencer, avec ce qui me tombait sous la main, à dire l’ambivalence de la beauté et du mal, de la vie et de la mort, l’importance de célébrer l’amour, conter ma rage et mon impuissance devant les mauvais traitements que nous infligeons à tout ce qui vit, et aussi crier ma joie quand gagnent les causes justes.


        En l’an 2000, j’ai ressenti le  besoin de travailler sans rien. J’ai vite réalisé que j’essayais là de résoudre mes angoisses écologiques en tant qu’artiste : comment produire moins de matière, moins d’objets, dans ce monde où nous étouffons déjà sous le boa sans fin de la production matérielle ?... Mon travail devint alors plus conceptuel et interactif : en commençant avec “Un peu d’air”, “3 minutes de silence”, “Oubli”, avec “Mais où donc est notre âme?” et “ Avancées morales de l’humanité au dernier millénaire”, sans utiliser de matière ou très peu, j’ai construit de fertiles dialogues avec le public. C’est aussi pourquoi je me suis mise à la vidéo.

      

         Et depuis 2011 le monde me semble aller si mal que j’ai besoin en ce moment de le réconforter avec de la douceur et de la joie, Alors j’ai sculpté de doux objets en stéatite, et je travaille actuellement sur une grande installation de joyeux drapeaux pour mon village...


v  é  r  o  s  i  m  a  r

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